La citation du jour

mardi 4 mars 2014

La ville imaginaire. Modèles de textes


«Les villes comme les rêves sont faites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leurs perspectives trompeuses ; et toute chose en cache une autre.
– Moi, je n’ai ni désirs, ni peurs, déclara le Khan, et mes rêves sont composés soit par mon esprit soit par le hasard.
– Les villes aussi se croient l’œuvre de l’esprit ou du hasard, mais ni l’un ni l’autre ne suffisent pour faire tenir debout leurs murs. Tu ne jouis pas d’une ville à cause de ses sept ou soixante-dix-sept merveilles, mais de la réponse qu’elle apporte à l’une de tes questions.» 

Italo Calvino    Les villes invisibles  [Le città invisibili]   Trad. de l'italien par Jean Thibaudeau
Collection Folio (n° 5460), Gallimard

Ma ville imaginaire

Il se peut qu’elle se trouve dans la barbe d’un géant nordique, ou encore sous la racine d’un arbre à grimaces, la ville imaginaire aux normes différentes. On y entre par la sortie, le plafond est le sol et le père est le fils. L’homme le plus beau est ventru, poilu mais chauve, trapu, affreux, sale et méchant. La femme la plus belle, elle, se retrouve dans la description de l’homme. Les chaussures se mettent aux mains, les mitaines aux pieds. Les cordonniers vendent des gâteaux, les pâtissiers des bicyclettes. On se lève le soir pour se coucher le matin : la lune y est bien plus éblouissante que le soleil. Les politiciens distribuent le courrier en sandales et les hommes font la vaisselle sur des échasses. On adopte les autruches, on mange les poissons rouges. Enfin, les souvenirs sont à construire, alors que le passé est inconnu.

La ville de la gourmandise

Des fontaines de chocolat fondu, des tuiles de maison au caramel, des arbres au nougat, des pièces de monnaie en chewing-gum et des bâtiments en bonbons,  voilà une ville imaginaire qui en ravirait plus d’un ! Aménagée à la manière de celle de « Charlie et la chocolaterie », elle serait comme un paradis sur terre où les enfants et les gourmands pourraient satisfaire leur faim de sucrerie. Imaginez que vous marchez dans la rue, une envie soudaine de confiserie vous prend, vous n’avez plus qu’à vous approcher d’un arbre, d’une statue ou d’une maison et croquer à pleines dents… Quelle sensation de pur bonheur ! Sans compter les avantages gustatifs de cette ville, chaque habitant serait aussi heureux car le chocolat provoquant  l’augmentation d’endorphines dans le corps, nous ressentirions un sentiment de bien-être et  nous aurions même l’impression d’être amoureux, paraît-il ! Donc consommée avec modération pour éviter tout risque d’obésité, cette ville serait bénéfique à tout un chacun, et chacune principalement.

La ville d'échiquier

Immense banlieue d’un centre qui n’existe pas, articulée en soixante-quatre petits quartiers carrés, elle s’étend sur l’ensemble de l’échiquier. Quatre tours maîtresses, deux églises sommées d’une croix royale, deux immenses immeubles couronnés autour desquels s’élancent fièrement quatre équidés cabrés, prêts à se déplacer tout droit, puis à gauche ou à droite. Au milieu, quatre bâtiments fous, construits en diagonales, donnent à cette ville son dynamisme. Dans cette ville de contrastes et de diversité, se mélangent et s’opposent des silhouettes blanches et noires à travers les rues parallèles et perpendiculaires. Mais dans cette ville règne un climat de terreur, la terreur qu’un jour le roi perde sa reine, sa cavalerie, ses tours, ses sujets et ses fous. Que quelqu’un survienne et qu’il mate d’un chèque cette ville.

Une ville entre ciel et nuages

Ma ville imaginaire est une ville suspendue qui s’étend comme une omelette baveuse au-dessus des îles Fidji. Sa vaste étendue est recouverte d’un tapis de myosotis sur lequel déambulent les habitants nus pieds, légers comme des fleurs de cerisier japonais. Les habitations en forme de cristaux scintillent dès le lever du soleil et répandent sur la ville des nuées de pépites dorées. Au centre de la ville se dresse un arbre unique et colossal sur lequel poussent les fruits les plus variés. Les habitants s’y rendent quotidiennement avec leur échelle pour y cueillir les fruits de leur choix ou simplement pour y caresser les ailes étincelantes des oiseaux exotiques.  Aux extrémités de la ville sont accrochées de petites nacelles par un système habile de poulies qui permettent aux citoyens ennuagés de descendre au-dessous de leur ville et de perdre leur regard dans les profondeurs de l’immense étendue bleue.

La ville des gens "trop" polis

Dans cette ville-ci
Toute le monde se parlait avec courtoisie.
Par peur d’être déplaisant
Les habitants en devenaient lassants.
« Mettez-moi une amende! » - « Non je n’en ferai rien… »
« Cela fait 32 francs. » - « Sur 100, et gardez la bonne main. »
« Veuillez m’excuser d’avoir laissé l’alarme enclenchée
Je ne pensais plus que vous aviez l’intention de me cambrioler. »
Les citoyens de cette ville étaient si serviables
Que rien qu’on n’eût pu leur faire leur semblait détestable.
Au contraire, un geste volontairement mal intentionné
Était pour eux un moyen de vous aider.
Je ne me sentais plus  à ma place,
Dans cette ville où le monde se bouscule pour vous faire une place.
On peut tolérer l’honnêté un certain moment
Mais à long terme, cela en devient fatigant.
Je n’oserais pas dire que ces habitants étaient pédants;
Non non, ils étaient juste… DIFFÉRENTS.
Source:  Le web pédagogique

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